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LE PAPIER

Le papier a du être créé dans un des pays d’Extême-Orient, très probablement par les Chinois. En effet, un document, daté de 105 après J.-C., traite de la production et de la vente du papier. Déjà, les principes essentiels de sa fabrication étaient définis, connus et suivis. Ils sont rigoureusement restés les mêmes à notre époque.
 

Alors que les Extrême-orientaux employaient des roseaux ou des bambous, les Arabes, après la bataille de Samarkand en 751, répandirent cette invention en utilisant le lin, le chanvre puis le coton.
 

Le papier, entrelacs feutré de fibres végétales de cellulose, reste inconnu en Europe jusqu’aux Croisades.
 

Ce sont les Italiens qui, les premiers, importèrent du papier de Syrie et d’Egypte, avant de le fabriquer -mêmes vers la fin du XIIIe siècle (1276, première mention des moulins de Fabriano).
Vers le milieu du siècle, on n’importe plus le produit fini mais les procédés de fabrication (1348, premier moulin construit en France, près de Troyes).
Deux cents ans plus tard, la France produit en quantité suffisante sa consommation intérieure et l’exportation.
Son rôle prédominant persistera jusqu’à la fin du siècle, c’est-à-dire jusqu’aux guerres de Louis XIV.
 

Depuis la fin du XIIIe siècle, on suit la diffusion du papier dans les différents pays d’Europe grâce aux filigranes qui marquent les feuilles en transparence et attestent souvent la provenance.
 

Le papier est donc le témoin des deux derniers millénaires de l’histoire de l’Humanité.
 

Son apparente fragilité due à la souplesse et à la légèreté de son constituant n’a pas empêché son usage largement répendu ainsi que sa longévité.
 

Une nuance est toutefois à apporter pour les papiers fabriqués à partir de pâte de bois depuis le milieu du XIXème siècle.
 

En effet, ces pâtes, obtenues soit mécaniquement soit chimiquement, contenaient d’autres produits que la cellulose qui réagissent chimiquement à la lumière (coloration en brun du papier et acidification qui rend le papier cassant et friable).
 

De nos jours, ces produits néfastes sont éliminés des pâtes qui servent à la fabrication des papiers de qualité pour les arts graphiques et les éditions d’art.
 

Les Papiers Chiffon pour l’Edition d’art

 

Pour tout procédé d’impression d’estampes la taille douce, la lithographie, le pochoir, la gravure sur bois, la sérigraphie etc…, l’éditeur et l’artiste doivent être assurés de trouver le support adéquat : ainsi les papiers d’art aujourd’hui se doivent d’être fabriqués dans le strict respect de la tradition du maître papetier.
 

Telle est la vocation d’Arjomari, premier producteur français par la diversité de ses produits mais surtout premier producteur mondial de papier d’art et d’édition de luxe. Tous portent en filigrane les grands noms d’Arches et de Rives.
La papeterie d’Arches a cinq siècles d’existence. Une expérience qui a su la préserver de la tentation d’une modernisation excessive.
A la naissance de Christophe Colomb, les Moulins d’Arches fabriquent des papiers à la main déjà réputés.
 

En 1784, Beaumarchais en devient acquéreur afin de rééditer les œuvres complètes de Voltaire. Le célèbre peintre Jean Dominique Ingres participe même à l’élaboration d’un papier idéal pour le dessin au trait : l’Ingres d’Arches.
 

Entre 1807 et 1823 l’ensemble de la production de la papeterie d’Arches sert à la réalisation de l’ouvrage monumental commandé par Napoléon Ier : La description de l’Égypte.
 

De la fin du 19e siècle à nos jours enfin, Arches croît et se modernise tout en restant fidèle à sa tradition de qualité. Aujourd’hui les techniques utilisées aux différents stades de la fabrication des papiers d’Arches, Rives et Johannot, visent à assurer tant à l’artiste qu’à l’imprimeur, l’éditeur ou l’amateur d’art, un support garantissant la qualité de reproduction, le rendu des œuvres et leur pérennité.
 

C’est pour cela que les papiers sont fabriqués à partir de pâte de coton dont le dosage s’échelonne de 25% à 100% selon le type de produit. La présence de fibres de coton dans le papier permet d’obtenir la permanence de la teinte, une excellente conservation dans le temps et un toucher agréable. Le collage des papiers est non acide pour assurer une meilleure conservation.
 

Ce choix technique est symbolisé dans le filigrane par le signe de l’infini. Par ailleurs, la fabrication à l’ancienne, sur forme ronde, augmente considérablement la qualité du papier : solidité plus grande, grain plus harmonieux et plus prononcé. Elle permet en outre d’obtenir les bords à franges qui donnent sa véritable dimension à un papier d’art.
 

Le Filigrane

 

Les filigranes qui ornent les papiers, poinçons d’authentification, marques indélébiles et valorisantes de la feuille, sont confectionnés artisanalement par des formaires, hommes et femmes d’une grande habileté qui cousent à la main sur la toile les motifs que l’on souhaite obtenir.
 

D’un point de vue pratique, ils permettent également d’identifier avec précision la date de fabrication et constituent ainsi un gage de sécurité pour l’éditeur.
 

Le Papier Japon

 

Le papier Japon, parfois nommé à tort « papier de riz », est pour la peinture orientale un support définitif, à la différence de ce qui se passe pour la peinture occidentale.
 

Fabriqué à partir de l’écorce de mûrier dit « arbre à papier » (kozo en japonais), il est particulièrement remarquable pour sa résistance due à la longueur exceptionnelle des fibres et cela même lorsqu’il est très fin, presque transparent comme un voile.
 

Il a d’autre part une grande capacité d’absorption toutefois réduite lorsque le papier a reçu une couche préparatoire d’une solution de colle de peau et d’alun.
 

Sa texture, en réseau serré et uniforme, est reconnaissable entre toutes grâce à son aspect nacré et soyeux (les premiers papiers étaient faits à partir de chiffons de soie).
 

Les variétés les plus fréquemment utilisées sont :
– le Minogami (de la ville de Mino).
– le Massagami (assez épais avec des fibres très serrées et réservé à la peinture).
– le Maniaishi (pâte additionnée de kaolin qui donne une texture très lisse, lustrée et opaque).
– le Torinoko (très lisse et mat).
– le Sekishushi (un des plus solides, très employé par les calligraphes et pour certains doublages).